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Une blague pour un blog

Une blague pour un blog.

La guerre de Troie n’aura pas lieu… Après Giraudoux, ou plutôt sa pièce, il y eut la « drôle de guerre »et après, mais elle sera moins drôle, la vraie. Nous faisons mieux : la rentrée aura lieu !mais elle aussi sera drôle. Quelques enfants par groupes de quinze, sous quelle base? le volontariat ? Mais l’école est obligatoire pour tous. Je viens d’apprendre qu’à Noirmoutier le maximum sera cinq élèves par classe. Bref, les difficultés sont de tous ordres. On pourrait penser, à l’instar des autres écoles européennes, que nos écoles seraient pourvues d’assez de matériel informatique avec la possibilité de s’en servir , ce qui permettrait un solide apprentissage à distance, mais non. Les enseignants font ce qu’ils peuvent pourtant Quant aux fameux enfants « défavorisés », dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils existent , pourquoi ne pas leur offrir un petit ordinateur ? Ainsi ils ne seraient pas délaissés . Comme pour les masques, une fois de plus, nous sommes en défaut ; comparaison solide, malheureusement, parce que des masques, nous n’en avons guère ; mais comme la France est le pays de la mode, nous pourrons disposer, non pas de ceux qui protégeraient vraiment le « grand public », mais à défaut , de ceux qui pourraient s’harmoniser avec les habits des dames et les cravates de nos cadres. Guettons les futurs défilés de mode. L’école apparemment n’est pas mieux lotie dans ses besoins essentiels.

En fait, il s’agit surtout dans tout cela, de faire cadrer une parole présidentielle ( nous rentrons le 11 prochain) avec la réalité , la difficulté et la dangerosité du terrain . Comme le disait Gorgias, en tout cas, selon Platon, le discours est un maître puissant ; mais il ajoutait aussi, peut-être effrayé de sa découverte, qu’il fallait en user à bon escient. A bon escient, c’est à dire pour nous, dans une parole qui s’adresse à un peuple adulte et non pas dans les discours des « politiques » qui « avouent » ! avoir suivi les sinuosités de la science pour mieux masquer les leurs. Sinon -ce qui nous guette dans un futur peut-être proche- : nous serons, au mieux, dirigés par un irresponsable peu conséquent comme nos amis US avec, à l’appui la culture de l’inculture, ou au pire par un « illibéral » à la française ou quelque chose du même genre. Retour à Gorgias, mais cette fois à son encontre, pour avouer l’impuissance du discours face au réel ; mais pourtant à le manipuler, ce discours, nous risquons gros.

Et retour à l’école..., avec ou sans jeu de mot, et mauvaise nouvelle qui nous vient de l’Angleterre ; des enfants sont gravement malades d’une affection qui vient peut-être du virus ; en même temps, on sait que certains enfants ne mangent à peu près correctement que grâce aux cantines. Finalement que faire ? Chercher vraiment une solution ailleurs ...l’école ne peut pas tout résoudre, et les cantines n’ouvriront peut-être pas Quant au retard immense qui guetterait les enfants privés de quarante jours d’école, on se rend compte que toute leur vie, il leur manquera quelque chose, quelque programme qui n’aura pas été traité …

Dernier propos qui va dans le même sens ; voyant à la télé quelque tableau montrant dans une classe de CP les différentes manières de rendre à l’écrit le son BE, nous nous rendons compte que l’apprentissage de la lecture peut être réduit à l’apprentissage d’un code. Un enfant, voyant écrit « bee » saura qu’il s’agit bien du son BE, puisqu’il l’aura appris sur la même liste que la graphie « be ». Victoire d’une théorie des ensembles ; mais Il ne saura pas lire encore: ni scarabée ni bouche bée etc. Le ministre a dit que l’apprentissage de la lecture était l’apprentissage par le b,a, ba. On suppose que les apprentis scribes apprenaient un peu comme cela, sauf que leur écriture, pour une très grande part, n’était pas alphabétique ; mais l’esprit est le même. Le futur rejoint donc le passé. Tout est bien dans ce meilleur des mondes pédagogiques possibles. Il ne manquera alors aux CP qu’un peu de code facilement rattrapable qui leur permettra enfin de tout lire ! Quant aux « défavorisés », qui comme par hasard ne progressent pas en lecture, pourquoi, en petit nombre, ne pas leur faire « rattraper » un code qu’ils ne parviennent pas à apprendre car ils n’en comprennent absolument pas le sens? Mémorisons, mémorisons.

Soyons sérieux : il y aurait un avantage certain à prendre certains enfants de CP en tout petit nombre, s’ils sont en pleine errance ; cela offrirait la possibilité de comprendre justement comment ils se comportent par rapport à un texte et pourquoi, décidément ils ne sont pas entrés dans la lecture . Le prof, une fois n’est pas coutume , deviendrait observateur. Il s’agirait d’ une pédagogie que l’on pourrait qualifier de clinique, qui se pencherait donc sur son malade, pardon sur ses élèves. On découvrirait alors que ceux-ci n’ont pas une réelle conscience du rapport entre la phonie des mots et leur sens ; tout simplement parce que depuis qu’ils ont commencé à parler, ils ont émis du sens sans savoir vraiment comment ils le produisaient. Dit en termes plus académiques, ils n’ont pas de « conscience phonologique ». Il leur faut donc prendre conscience, pour parler vite, de l’ensemble successif des sons articulé d’un discours ; en un mot pouvoir dissocier ce qui ne l’est jamais quand on parle :le son et le sens. Faute de cette prise de conscience, ils ne pourront jamais vraiment comprendre comment on passe de la parole à l’écriture et des signes graphés au sens qu’ils représentent. Au mieux, ils produiront une lecture approximative. c’est pourquoi nous sommes si mal placés au classement « pisa ». Même certains élèves de terminale ne savent pas lire , au plein sens du terme : savoir tirer toute l’information d’un texte ; alors le b,a, ba.. . !

Mais nous n’en sommes pas là et ce monde, décidément est fou. Un peu de bon sens et même un soupçon d’humanisme seraient quand même les bienvenus. Après tout, comme dirait tout un chacun( pas si certain !) nous devons à nos élèves de les faire réussir. C’est donc à ce genre d’activité professorale exclusif que l’on justifierait une rentrée qui aurait un sens dans la situation actuelle, parce que l’exemple donné serait parfaitement généralisable à d’autres disciplines et à d’autres niveaux. Cela revient à dire que lorsqu’une décision est prise, elle doit s’accompagner de sa justification réelle et à la limite , avec mode d’emploi.

Tout cela n’est , il est vrai , que de l’humeur...Comme l’aurait prescrit Hippocrate, il s’agira de rétablir l’équilibre, la « crase » entre les liquides, les humeurs de l’organisme. Nous parlons de l’organisme de l’auteur de ces lignes, perturbé par un réel qui se venge du discours.

ps. J’apprends à l’instant que les profs porteront des masques en faisant cours. « larvatus prodeo » disait Descartes ,ce qui veut dire: « j’avance masqué ». la décision est donc philosophique. On progresse...et un philosophe en cours pourra toujours, expliquant les règles du Discours de la Méthode ,s’identifier à son auteur.

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